La voie Berhault - ED+ - 220m 8a Max / 7a+ Obl
Combien de fois suis-je passé devant cette paroi en rêvant de la gravir, sans finalement ne jamais m'y arrêter !?
On lui doit d'être trop souvent exempté de nos considérations, au seul fait de sa localisation...
Trop proche du Verdon ou d'Aiglun pour en faire une priorité.
Trop peu d'itinéraires de libre pour être une destination privilégiée.
Et pourtant, elle a vraiment de quoi plaire...
Avec sa structure géométrique captivante, confondant arêtes saillantes et dalles coupées au couteau, elle offre d'innombrables fissures, la transformant ainsi en laboratoire pour les artificiers d'une autre époque.
L'immense majorité des itinéraires sont restés en l'état, raison de plus pour ne pas attirer les chaussons des grimpeurs modernes.
Heureusement, la donne commence à changer, et quelques itinéraires de libre plus contemporain émergent lentement de cette montagne qui n'en mérite pas moins.
Un visionnaire avait déjà entamé ce travail
dans les années 80.
Vous l'aurez aisément deviné, P. Berhault himself, avait vu le potentiel en rééquipant un itinéraire d'artif pour le plaisir du libre.
D'un mix des voies d'artifs "Grand Dièdre" et "Dudule" naquit la "voie Berhault", chef d'oeuvre d'escalade pour ses deux longueurs sommitales.
Le principal inconvénient de l'itinéraire, est qu'il n'atteint pas le sommet de la paroi, et que coupler à une escalade à la difficulté peu accessible pour le commun des grimpeurs, celle-ci n'est alors que peu répétée.
Depuis, un départ alternatif et plus homogène a vu le jour grâce a S. Benoist et J. Loste, puis quelques années plus tard, une fin imaginé par un autre équipeur permettant finalement d'atteindre le sommet, transformant ainsi cette voie en un remarquable itinéraire complet.
Maintenant, tout y est :
> Une escalade majeure tout du long.
(grosse mention spéciale évidemment pour L3 et L4 )
(L4 faisant selon moi parti de mon top 3 des plus belles longueurs que j'ai eu l'occasion de gravir dans ma vie, rien que ca...)
> Une homogénéité dans le 7ème degré.
> Un équipement abondant et récent.
> Et le plaisir d'un sommet à atteindre.
Bref plus de raison de passer inlassablement devant cette montagne sans s'y arrêter
(à condition d'avoir le niveau pour cet itinéraire évidemment).
Matos : 15/16 dégaines
Approche : Depuis le village emprunter une large piste jusqu'à la petite chapelle (ancien parking), puis atteindre le pied de la face (30min en tout). Départ évident, la ligne passant pile entre orange et le gris sous la proue de L4.
L1 - 7a - 30m : Longueur technique avec quelques sections marquées dans du beau caillou.
L2 - 7b 40m : Départ un peu bloc sur les premiers points, la suite est plus conti et homogène jusqu'à un relai intermédiaire (ne pas s'y arrêter). Très jolie malgré une escalade dans des anciens trous de pitons (ancienne longueur en A1/A2). La fin est facile (6a)
L3 - 7c+/8a - 25m: Majeur ! Une dalle à couper au couteau, sur petites prises à défourailler :)
Complètement lunaire à vue (on a du mal à distinguer les prises quand on est vaché au point, je vous laisse imaginer en grimpant...), elle se fait cependant assez bien après repérage, car elle globalement homogène, avec un petit pas marqué au dessus du petit toit. Nous avons opté pour cette stratégie du "je repère tranquiiiiille, et après, je mets un run" et elle fut payante, car ça passera sans encombre au 1er essai.
L4 - 7c - 35/40m : Je ne sais pas quel qualificatif utilisé pour décrire cette longueur... Une fissure crochetante, parfaite, sur le bord d'une arête, le tout au sommet d'un pilier, on ne peut plus gazeux. D'anthologie !
Plus on monte plus la fissure est athlétique. Crux sur la fin quand la fissure se bouche pour ne devenir qu'une dalle.
La sortie m'aura valu un bon combat pour la faire à vue !
La voie originale vue par Berhault s'arrête ici. La descente en rappel y est donc envisageable en reclippant les points.
Une nouvelle suite existe pour monter au sommet. Une fois engagé la retraite devient par contre plus compliqué.
L5 - 7a - 20m : Traversée descendante qui permet d'atteindre une bonne vire. Bloc sur les deux premiers points, après c'est facile.
L6 - 7a+/b - 45m : Caillou exceptionnel... Le début de la longueur mérite à lui seul de s'engager dans la fin de cette voie.
Cotée 7b+ dans le topo de Graou, je n'en donnerai pas tant.
Rési au début, un pas marqué pour rejoindre le dièdre, puis escalade facile bien engagée dans la cheminée avec une grimpe bien "old school".
L7 - 5+ - 20m : Longueur de transition dans les herbes. Attention de ne pas partir avec les mottes de terre ;)
L8 - 6c/+ - 15m : Possibilité de sortir de la voie à R7, mais pour le plaisir de l'escalade, la dernière longueur raye un très joli petit mur fissuré. Cotée 7a une fois de plus par Graou, là encore je pense que c'est plus facile.
Ambiance alpinisme pour nous, car il se mettra à neiger à gros flocons dans la longueur .
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